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VOYAGE - PARTAGE - IMMERSION

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  • Emmanuelle

La coopérative Amagar dans le Haut Atlas, l'incroyable réussite de femmes berbères


Solidarité Marathon des Sables Maroc

Bienvenue à Zaouiat Ahansal, dans le Haut Atlas rural, où une incroyable initiative de femmes a permis de dynamiser tout un village berbère aux traditions ancestrales. La culture des plantes aromatiques et du safran fut un tel succès, que la coopérative féminine Amagar est devenu un exemple dans la région.


Nous sommes à Zaouiat Ahansal, 10 000 habitants répartis en 4 douars berbères, à 1700 m d’altitude dans le Haut Atlas, dans la région d’Azilal, à 5h de route de Marrakech.

J’ai découvert ce village en septembre 2018, lors de la 1ère édition de l’ultra-trail organisée par l’association des guides de haute montagne de la vallée. Nous étions seulement 20 européens et une dizaine de marocains, tel des pionniers dans une région encore préservée du tourisme.

Fatima, une jeune étudiante engagée pour son village

Présidente de la coopérative Amagar au Maroc

J’y ai rencontré Fatima Amagar, alors en Master tourisme à Marrakech, la 1ère fille du village à faire des études supérieures. Heureuse de revenir dans son village, Fatima a commencé à monter une coopérative féminine en 2016, pour transformer les conditions de vie difficiles des femmes de la montagne en leur permettant de s’émanciper par le travail.

L’exploitation de deux produits phares, le thym et le safran, ont bouleversé significativement la vie de ces femmes, traditionnellement dépendantes de leurs maris.

Les femmes du village quittaient l’école dès la 6e année primaire et, à défaut d’un collège (il n’a été construit qu’en 2016), elles étaient astreintes à ramasser du bois de chauffage dans la forêt, à faire paître leurs chèvres, ou à faire le ménage chez elles.

L’objectif de la coopérative Amagar est triple : valoriser les produits locaux, combattre la pauvreté et offrir une activité professionnelle aux femmes, et encourager les habitants à mieux exploiter leurs terres.

Fatima a réussi à fédérer les femmes, à convaincre les hommes du village de laisser travailler leurs femmes pour améliorer les conditions de vie quotidiennes du foyer, et à trouver des appuis auprès d’associations européennes, tout en terminant ses études. Sa dynamique est telle qu’elle a été embauchée en 2019 par le géoparc du M’Goun, labelllisé Unesco, pour lancer des projets touristiques.


La coopérative Amagar naît en 2016 grâce à 5 femmes

Au début de la coopérative en 2016, cinq femmes cueillent du thym dans la forêt. Cette pratique n’était certes pas nouvelle, mais elle avait un caractère informel, et le thym était souvent déraciné lors de la cueillette. Grâce à la coopérative de Fatima, les femmes ont appris à cueillir le thym sans abîmer la plante, à faire sécher les branches ramassées pour les conserver et à les conditionner pour la vente. Fatima leur achetait ensuite le thym séché pour le revendre sur les marchés de Marrakech. La petite boutique du village permettait aussi la vente des plantes et des tapis berbères que les femmes confectionnent traditionnellement à la maison.

C’est ainsi que ces cinq femmes ont pour la toute première fois touché un petit revenu.


A partir de 2017, le petit groupe qui avait lancé la coopérative a décidé d’y ajouter le safran, pas encore présent dans la région. Les conditions climatiques de la Vallée de Zaouiat sont idéales pour ce type de culture et, puisqu’il ne nécessite que de petites parcelles, le safran peut aisément être cultivé à côté du domicile par les femmes.


Avec l’aide des institutions régionales et d’une ONG allemande, 16 tonnes de bulbes de safran ont été planté en 2018 pour tester la qualité et la faisabilité du projet à grande échelle. Et ce fut un succès !!


Le safran, le nouvel or rouge de la région

Inspirée par l’expérience de Fatima, la province a également décidé de participer plus largement à la plantation de 350 hectares dans 14 villages, soit 200 tonnes de bulbes de safran plantés en 2020, concernant 34 coopératives de la région. La récolte vient d’avoir lieu début novembre.


Après la cueillette de la plante, les femmes emmènent les fleurs chez elles pour prélever le pistil et le mettre à sécher pendant quelques jours. Puis elles le vendent à la coopérative à 25 DH/g. Cette dernière l’écoule à 30 DH/g. Les camions de quelques entreprises viennent charger leur marchandise pour être transformée et exportée à l’étranger. La coopérative vend également en direct dans la région.

Le produit est d’excellente qualité, et le prix n’est pas loin de celui de «la maison du Safran» de Taliouine (35 DH/g), très réputé au Maroc.

Les hommes, eux, prêtent main-forte aux femmes et gagnent, de leur côté, un pécule : pesage et transport du produit.

Au safran, s’ajoutent 45 tonnes de thym vendues l’année dernière. La coopérative caresse maintenant un autre projet : transformer elle-même le thym en huile essentielle. Le projet est en train de mûrir. «Notre priorité est que ces femmes gagnent plus d’argent, pour que leurs enfants ne quittent plus l’école à cause de la pauvreté», espère Aïcha, l’une des pionnières de la coopérative.

De nouveaux projets pour les femmes


Le collectif doit encore relever d’autres défis. Les femmes travaillent actuellement à la certification biologique de leur safran, un label qui les aidera à trouver de nouveaux débouchés sur les marchés nationaux et à l’exportation. Elles souhaitent également poursuivre leur formation sur des questions telles que les normes de qualité, le conditionnement et la commercialisation.



La coopérative continue également ses actions solidaires auprès des familles du village, comme la distribution de matériel scolaire et de vêtements pour les enfants, ou comme l’alphabétisation.

De 5 femmes, la coopérative Amagar est passée à 80 en 2017, puis à 122 en 2018, avec une tranche d’âge comprise entre 19 et 60 ans.


Une belle initiative et un exemple de courage que je souhaitais mettre en lumière et vous présenter. Et qui vous donnera envie, je l’espère, de visiter Zaouiat Ahansal et pourquoi pas de participer à la cueillette avec les femmes de la coopérative. Un magnifique moment d’échange culturel et de rencontre, pour un voyage responsable et plein de sens. Nous en avons encore plus besoin après cette période de pandémie.

Zoom sur Zaouiat Ahansal ?

Une commune rurale aux maisons de terre, ponctuées d’anciennes casbahs, comme il en existe des milliers dans le Haut Atlas. Le village, encastré entre des gorges, traversée par l’oued Ahansal, semble appartenir à un autre temps. L’accès y est difficile, notamment en hiver, qu’on se demande pourquoi ces anciens nomades ont choisi cette terre si isolée. Le village est devenu célèbre pendant le protectorat français, par sa résistance incarnée par Ahmed El Hansali.


Jusqu’aux années 2000, le village était encore enclavé, loin du développement socio-économique national. Les 77 km séparant la Zaouia du reste du pays étaient, racontent les villageois, encore une piste difficile, seuls les mulets, les Land Rover et quelques camions et voitures téméraires pouvaient l’emprunter.

D’Agoudim, le village principal de la commune de Zaouiat Ahansal, accroché au flanc nord du Haut Atlas central, au pied du Jbel Azourki, l’anthropologue Bruno Étienne donne, en 1990, cette description: «Haut lieu de l’Atlas, où est passé un jour ou l’autre tout universitaire qui a voulu dire quelque chose d’un peu profond sur le Maroc… Un lieu imaginaire, un lieu de nulle part, isolé du reste du pays par plusieurs heures de mauvaise piste, à l’écart du développement national, conservatoire de la grande pauvreté rurale et pourtant connu mondialement, attirant des étrangers de toutes les nationalités que ce soit à la recherche de la société segmentaire sur les traces d’Ernest Gellner pour découvrir «l’Atlas secret» ou pour escalader la première «des parois de légende» à Taghia.

Le cirque de Taghia, à 2h de marche de Zaouiat Ahansal, est pourtant devenu le 4e spot mondial d’escalade. Dès les années 70, quelques français férus d’alpinisme y ont installé les premières voies et ont formé des guides de montagnes marocains à la discipline. Parois jusqu’à 800 m de hauteur et passage berbère en bois, constituent le charme de ce lieu encore secret.


Mon coup de coeur de l’Atlas marocain !



Contacter la coopérative Amagar : Tél. +212 6 60 44 91 86 - coopamagar@gmail.com – Page Facebook : https://web.facebook.com/pg/capam.ma/about/

Emmanuelle

Authentik Traveller

Maroc

qui a créé une école au milieu des montagnes. Et encore bien d'autres projets solidaires à venir sur le blog :)

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